PARLONS... Sentiment d'appartenance
Mis en ligne le 15/11/2025
L’importance de la communauté pour les jeunes : un besoin fondamental et une opportunité unique
Le sentiment d’appartenance : un besoin universel
Le besoin d’appartenance est profondément inscrit dans la nature humaine. Dans sa célèbre pyramide, Maslow le place juste après les besoins physiologiques et de sécurité. Ce besoin d’être relié, reconnu et accepté est essentiel au développement émotionnel et psychologique de chacun.
Imaginez un puzzle : chaque pièce a une forme unique, mais c’est en s’emboîtant avec les autres qu’elle trouve sa place dans un tout cohérent. De la même manière, chacun de nous cherche à être accepté dans une communauté où il peut contribuer et se sentir valorisé.
La communauté : un concept en évolution
Autrefois, les communautés se structuraient autour de trois grands piliers : la famille, la nation et la religion. Ces cadres donnaient identité, stabilité et repères.
Mais aujourd’hui, notre rapport à la communauté a profondément changé.
1. L’individualisme et le libéralisme moral
L’individualisme place l’individu au centre et valorise la liberté personnelle. Le libéralisme moral, lui, encourage à s’émanciper des normes communes, à vivre selon le principe : “chacun sa vérité.”
Ces courants ont redéfini les liens communautaires : ils ne reposent plus sur des héritages (famille, foi, culture), mais sur des intérêts ou causes communes — écologie, justice sociale, culture ou passion partagée.
2. La révolution technologique
Internet a transformé notre rapport au monde : on peut désormais appartenir à une “communauté” de fans de K-pop, de gamers, ou d’abonnés à un influenceur — sans jamais se rencontrer.
Mais ces communautés sont souvent centrées sur ce qu’elles nous apportent, plutôt que sur les liens réels qu’elles créent.
Comme le disait un auteur :
“Nous ne sommes plus définis par nos responsabilités envers les autres, mais par notre quête de satisfaction personnelle.”
Une épidémie peut en cacher une autre
La pandémie de Covid-19 n’a pas seulement bouleversé nos habitudes : elle a mis en lumière une épidémie silencieuse de solitude.
En France, 62 % des 18–24 ans se disent régulièrement seuls, contre 44 % de l’ensemble de la population (Fondation Jean-Jaurès & IFOP, 2023).
Kyle Richter et Patrick Miller, dans leur article “5 Reasons Gen Z Is Primed for Spiritual Renewal” (The Gospel Coalition, 2023), citent des chiffres saisissants : avant la pandémie, 45 % des jeunes Américains déclaraient se sentir profondément seuls. Après 2020, une étude d’Harvard montre que 61 % des 18–25 ans parlaient d’un “niveau de solitude insupportable”.
“Les étudiants ne veulent pas seulement appartenir à un groupe : ils sont affamés d’amitié et d’appartenance.” — Richter & Miller
Cette solitude touche aussi les jeunes chrétiens. Même entourés, beaucoup se sentent isolés. La chanson “Seul avec du monde autour” d’Orelsan illustre bien ce paradoxe : connectés en permanence, mais rarement compris.
Les jeunes d’aujourd’hui ont soif de confiance, d’authenticité et de relations vraies.
Les rencontres en face à face, les échanges profonds et les moments vécus en vrai sont redevenus essentiels.
L’Église et la famille : des communautés indispensables
La famille, première communauté
La famille est le premier lieu d’appartenance. C’est là que se construit l’identité et la sécurité intérieure.
Mais aucun parent n’a besoin d’être parfait : un amour sincère vaut mieux qu’une apparente perfection.
À l’adolescence, les jeunes cherchent naturellement à s’émanciper. Ils veulent découvrir qui ils sont, tester leurs convictions, et trouver leur place dans d’autres cercles. C’est aussi le moment où ils ont besoin d’autres modèles d’autorité bienveillants.
L’Église, une famille spirituelle
Les groupes de jeunes, les camps, les week-ends ou les temps de service sont des lieux-clés pour construire ces liens.
L’Église peut devenir un refuge : un espace sûr où les jeunes explorent leur foi, trouvent des amitiés authentiques et rencontrent des mentors spirituels.
Pour cela, nous devons être intentionnels : créer des groupes ouverts, bienveillants et accueillants, où chaque jeune se sent aimé et valorisé.
Le besoin vital de mentors
Richter et Miller le rappellent :
“La perte de lieux d’appartenance crée une soif d’institutions saines où la Génération Z peut trouver des mentors.”
Beaucoup de jeunes aimeraient être accompagnés, mais ne savent pas comment entrer en relation avec des adultes.
Le chercheur Joshua Packard (Springtide Research) note que la Gen Z ne rejette pas les institutions — elle s’en méfie, mais reste ouverte si elle y rencontre des relations vraies.
C’est une bonne nouvelle pour l’Église :
si nous investissons intentionnellement dans le mentorat intergénérationnel, les jeunes seront réceptifs à la foi et à la communauté.
“La Génération Z a soif des choses mêmes que Jésus offre : l’appartenance, un leadership humble, la paix, l’amitié sincère et le mentorat.”
Cela demande, de notre part, écoute, disponibilité et proactivité — repérer les signaux faibles, proposer un accompagnement, collaborer entre parents et responsables pour le bien-être des jeunes.
Trois pistes concrètes pour aider les jeunes à trouver leur place
1. Créer une identité forte de groupe
Donnez à votre groupe une identité claire et inspirante : un nom, un logo, une couleur, des symboles ou rituels simples.
Quelques idées :
- SELAH (pause, méditation — mot hébreu)
- Génération 4:12 (inspiré de 1 Timothée 4:12)
- A3 (Authenticité, Action, Assemblée — et symbole de la “pile” : on y recharge ses batteries !)
Des sweats, autocollants ou un compte Instagram peuvent renforcer ce sentiment d’unité — à condition que cela ait du sens pour les jeunes.
2. Cultiver une culture de bienveillance
La Gen Z cherche des espaces où elle peut être vraie, sans masque.
Faisons de nos églises et familles des lieux de grâce :
- Aimons sans condition.
- Donnons plusieurs chances.
- Encourageons la vulnérabilité et la transparence.
3. Donner du sens par l’action
Les jeunes veulent agir, pas seulement écouter.
Offrez-leur des missions selon leurs dons, même modestes.
Enseignez la valeur du service (1 Corinthiens 12), et montrez l’exemple — y compris dans les tâches discrètes.
Et rappelons sans cesse la cause qui nous unit : Jésus et son Royaume.
Faisons de nos communautés des refuges, des tremplins et des foyers d’espérance pour cette génération en quête de sens et d’appartenance.
Guillaume Elguedj
À toi maintenant :
Questions pour aller plus loin :
- Quelle identité pourriez-vous créer pour votre famille ou groupe de jeunes ?
- Comment encourager une culture du non-jugement ?
- De quelle manière impliquer vos jeunes selon leurs talents ?
- Quelle identité pourriez-vous créer pour votre famille ou groupe de jeunes ?
- Comment encourager une culture du non-jugement ?
- De quelle manière impliquer vos jeunes selon leurs talents ?
En pratique :
- Pour aller plus loin et parler des générations avec votre famille ou vos amis, découvrez bientôt le jeu de société : « Le Dîner ».
Cliquez ici pour nous indiquer que vous êtes intéressé(e).
À toi maintenant :
Question pour soi :
- Quand est-ce que j’ai ressenti de la peur la dernière fois ?
- Est-ce que j’ai facilement réussi à identifier sa source ?
- Qu’est-ce que j’ai eu comme réaction face à cette peur ? Est-ce que ça a marché ?
- Comment j’aimerais que les autres réagissent envers moi lorsque j’ai peur ou que je suis stressé(e) ?
Question pour un jeune :
- Est-ce que tu es souvent stressé ? Tu saurais dire qu’elle est la cause ?
- Est-ce qu’il t’arrive d’avoir peur pour quelque chose ?
- Est-ce que tes peurs sont parfois démesurées ?
- Comment est-ce que tu aimerais que je réagisse quand tu ressens de la peur ?
En pratique
- Pour aller plus loin et parler des générations avec votre famille ou vos amis, découvrez bientôt le jeu de société « Le Dîner ».
Clique ici pour nous indique que vous êtes intéressé(e)s.
Sources
- Richter, K., & Miller, P. (2023). 5 Reasons Gen Z Is Primed for Spiritual Renewal. The Gospel Coalition.
- Le Monde (2024). Une épidémie de solitude se répand chez les jeunes.
- Harvard Graduate School of Education (2021). Loneliness in America.
- Springtide Research Institute (2022–2023). The State of Religion and Young People.
- Fondation Jean-Jaurès & IFOP (2023). Les jeunes et la solitude.
- Gentina, É., & Delecluse, M.-E. (2018). Génération Z : des Z consommateurs aux Z collaborateurs. Dunod.
- Ford, L. L’art du mentorat.
- Ollivier, P., & Tanguy, J. Génération Y & Z : Le grand défi intergénérationnel.
Trueman, C. (2022). Le plus étrange des mondes : Culture, christianisme et postmodernité. Éditions Clé.
Solen (CRÉDOC), Les uns sans les autres, Baromètre des solitudes, 2021
BIALIK Kristen, FRY Richard (PEW RESEARCH CENTER), Millennial life: How young adulthood today compares with prior generations, 14/02/2019 (consulté le 19/05/2022)
FRY Richard, PARKER Kim (PEW RESEARCH CENTER), Early Benchmarks Show ‘Post- Millennials’ on Track to Be Most Diverse, Best-Educated Generation Yet, 15/11/2018 (consulté le 19/05/2022)
SANG-CHEOL MOON Steve, Le Mouvement de Lausanne,
“Atteindre la génération z avec l’évangile ministère vers et avec la « dernière génération du monde », mars 2021 (consulté le 16/03/2021) Emmanuelle Duez, Positive Economy Forum, 2015 (consulté en mai 2021)
Iberdrola, GenerationAlpha will lead a 100% digital world (consulté le 13/05/2022)
Iberdrola, Characteristics of generations X,Y and Z (consulté le 13/05/2022) E-Commerce Nation, Baby-boomers, GenZ, la génération influence-t-elle l’achat ? 20.05.2021 (consulté le 13/05/2022)
